Editorial

"Les abandons de chats en Belgique"

Que de temps, d'énergie et de moyens faudra-t-il encore pour sauver et préserver cette cause animale si durement touchée, que ce soit dans le monde sauvage ou, plus proches de nous, avec nos animaux domestiques....

Les "vacances" : synonyme de plaisir et de repos pour les humains, mais de tout son contraire pour nos chiens et nos chats.

Du côté humain :
abandons, lâcheté de ceux à qui ils ont tout donné, irresponsabilité de leur maître tant aimé (lui qui ne le méritait pas), sentiment d'impunité aussi (" ce n'est pas ma faute "), quand ce ne sont pas des fausses excuses, toutes plus creuses les unes que les autres.

Du côté animal :
incompréhension, tristesse, sentiment d'avoir été puni alors qu'ils n'ont rien fait, sentiment de vide, de ne servir à rien, attente interminable que quelqu'un veuille encore bien d'eux, plus d'affection, plus de câlins,...
Cela va jusqu'à la dépression et même la mort pour ceux qui sont tellement déçus et tristes de ce que leur maître leur a fait qu'ils se laissent mourir : 10 à 20 % (voire plus s'ils sont plus âgés) des chats adultes abandonnés décèdent dans les 6 mois, de dépression et de chagrin.

Sans compter les euthanasies, car il n'y a plus de place ou trop peu de chance de replacement.

Quelques chiffres sont plus éloquents que de longs discours.
Voici les chiffres pour 2005 (données provenant de 78 refuges en Belgique) :

Nombre d'animaux recueillis dans les refuges en 2005 :

Chats : 35.995
dont 19.239 errants

Sort réservé aux chats :

Rendus à leur propriétaire 809 (2,3%)
Mort naturelle 1.890 (5,3%)
Placés 15.052 (41,8%)
Euthanasies 15.861 (44%)

Vous lisez bien : plus de 15.000 chats sont tués chaque année en Belgique.
Pour avoir une idée de ce que cela représente, Forest National (une des plus grandes salles de concert à Bruxelles) a une capacité de 7.000 places.
Cela fait donc plus de 2 fois cette capacité.
Et cela a encore augmenté ces dernières années....

Quand apprendra-t-on aux hommes qu'on ne se débarrasse pas d'un animal comme d'un vieux meuble qui ne sert plus ?
Si vous ne savez pas vous occuper d'un animal, quelles que soient les circonstances et jusqu'à sa mort : n'en prenez pas !

Croyez-vous que l'on fasse de l'anthropomorphisme quand on dit que les animaux souffrent de ces abandons ?
Alors comment appelle-t-on un animal qui n'a plus goût à rien, qui n'a plus aucune joie de vivre et qui ira jusqu'à se laisser mourir ?
Sachez que des émotions de base caractérisent les êtres vivants :
la colère, la joie, la peur, la tristesse, la surprise, le dégoût.
Et ces émotions, les humains les partagent avec les animaux.
Donc pas question d'anthropomorphisme, mais juste une question de respect, pour des êtres vivants qui n'ont pas la même "enveloppe" que nous.

Et si vous voulez vraiment être convaincu, allez devant une cage et osez regarder profondément dans les yeux de l'animal qui se trouve derrière les barreaux.
Qu'il soit chien ou chat, vous y lirez toute la tristesse du monde....

 

Article du mois :
Malbouffe humaine, malbouffe féline

Depuis un peu plus d'un siècle, l'homme a vu sa santé et son espérance de vie largement améliorées et augmentées, grâce à divers facteurs, dont l'un des plus importants est l'alimentation.
En mangeant mieux, l'homme souffre moins de carences et est mieux préparé pour se défendre contre les maladies.

Mais depuis ces quelques dernières dizaines d'années, cette évolution positive a vu sa courbe s'infléchir :
les gens souffrent de plus en plus de maladies qui n'existaient pas avant (ou moins).

Par exemple, il y a augmentation des problèmes dentaires, des cas de goutte, de tuberculose, de diabète avec ses conséquences (dont les amputations, les maladies oculaires et rénales,...), des cancers en tous genres (digestifs et autres), les allergiques, les asthmatiques, etc,...
C'est ce que le Dr J.Valnet appelait si justement " les maladies de civilisation ".

Quelle en est la raison ? La malbouffe!
Et les responsables sont aussi bien nous que l'industrie.
Nous d'abord, car nous mangeons plus, même trop, et plus mal, avec des repas très souvent déséquilibrés. Par facilité, nous ne prenons plus le temps de cuisiner, de nous préparer des plats équilibrés.
Mais l'industrie aussi est responsable, en nous faisant ingurgiter (souvent à notre insu) une alimentation "chimiquée", avec des ingrédients de mauvaise qualité, des ajouts de conservateurs, colorants et arômes artificielles en tous genres, sans compter tout ce qu'on nous cache.....

Avec notre nourriture déséquilibrée, on est maintenant en train de perdre l'avantage que nous a apporté une meilleure alimentation il y a plus de 100 ans, parce qu'on mange à nouveau mal même si ce n'est pas de la même mauvaise manière qu'auparavant.

Et pour nos animaux domestiques, c'est exactement la même chose.
Avec l'apparition de la nourriture industrielle (boîtes, puis croquettes) après la deuxième guerre mondiale, nos chats ont vu leur santé et leur espérance de vie améliorées.
Mais depuis ces quelques dernières dizaines d'années, des maladies apparaissent.

Quelques exemples concrets

  • Vous avez certainement constaté ou entendu dire que les cas d'allergies alimentaires étaient en forte augmentation chez les chats, qu'il y avait recrudescences de diarrhées, ou un accroissement vraiment important des problèmes dermatologiques (perte de poils, dermatoses, grattages intempestifs, dermatite miliaire,...),....

    Toutes ces maladies sont, pour la plus grande majorité, en lien direct avec une alimentation de mauvaise qualité.
    Mais vous me direz que vous donnez toujours des boîtes et des croquettes, comme avant.
    Alors, pourquoi cette alimentation aurait-elle vu sa qualité diminuer ?
    La faute en revient aux industriels : ils ont fortement diminués la qualité de cette alimentation, essentiellement pour une question de rentabilité.

  • En effet, les ingrédients de bonne qualité qu'étaient les "viandes animales" ont été remplacées par des "sous-produits animaux" .
    Qu'entend-on par là ? Cela signifie par exemple qu'on a remplacé la viande de poulet par des farines de poulet, farines obtenues par broyage de carcasses de poulet (donc débarrassées de leur viande), des plumes et des pattes.
    Vous comprenez directement que donner des os broyés à la place de la viande ne va donc pas être au bénéfice de la santé du chat, mais bien au profit financier de ces firmes.

  • De plus, depuis quelques temps, il ne vous a pas échappé que les firmes industrielles poussent particulièrement la vente des croquettes, à la place des boîtes.
    En y regardant de plus près (regardez et lisez les étiquettes, bizarrement écrites en tout petit), on constate que les ingrédients principaux de ces croquettes sont.... des céréales !
    Il est clair que vendre des céréales au prix de la viande est nettement plus intéressant et rentable pour eux. Mais quand on sait que les céréales contiennent des protéines parmi les plus allergisantes, qui sont qualifiées de "faiblement digestible" pour les chats et de configuration chimique parfois différentes des protéines animales, on ne s'étonnera pas des problèmes de santé ainsi créés.

  • Les traitements subis par cette alimentation (cuisson à de haute température, extrusion,....) ne sont pas des procédés qui assurent la préservation des nutriments : les vitamines sont dégradées par des cuissons trop importantes, les protéines aussi peuvent être dénaturées, ainsi que les lipides si fragiles aux diverses manipulations.

  • L'alimentation industrielle est "enrichie" de produits aussi chimiques que peu sains : les arômes, les conservateurs et les colorants artificiels en tous genres. Il va sans dire que ce sont des substances dont l'ingestion n'est pas sans conséquences pour l'organisme.



Mais qu'en est-il de la santé de nos chats (et de votre portefeuille) ?
Il ne faut pas être diplômé pour comprendre qu'un chat qui mange une alimentation de pauvre qualité, ou des céréales (tel un bol de Kellogg's, si vous préférez) va avoir des constituants pour les cellules de son corps de moins bonne conformation que si on lui avait donné des ingrédients d'origine animale. Cela favorisera ainsi les allergies alimentaires, les carences, les problèmes divers,....

Je rappelle quand même que le chat est un animal qui ne sait pas synthétiser certaines molécules (arginine, taurine,....) et qui doit les trouver dans son alimentation - animale - pour être en bonne santé.

Quelques réflexions ...

  • La "croyance" qui pousse les propriétaires à donner de la nourriture à volonté (ad libitum) à leur chat est une pure invention marketing de ces firmes.
    C'est que qu'on appelle "pousser à la consommation" :
    plus les chats mangent, plus ils vendent, et plus c'est rentable pour le monde industriel.

    Mais d'un point de vue vétérinaire, c'est un procédé qui favorise l'obésité, facteur à l'origine de nombreux autres problèmes, raccourcissant parfois de beaucoup la qualité et l'espérance de vie de nos compagnons.

    Rappel de ce qui se passe dans la nature :
    les chats n'ont pas besoin de nourriture sans arrêt.
    En effet, les félins sont des prédateurs qui font de gros repas couvrant les besoins pour plusieurs jours. Sans pousser le vice à ne donner à manger à nos minous que tous les 3 jours, la juste mesure se situe entre les deux, à savoir donner 2 à 3 repas par jour.
    Pour les chats qui vivent dans de bonnes conditions d'activité, c'est une fréquence normale. D'ailleurs, ils ne réclament pas plus : les chats savent parfaitement réguler leur prise de nourriture et ne deviennent pas obèses "naturellement".

    Par contre, si votre chat mange sans arrêt, c'est le signe typique de l'ennui.
    En effet, par manque d'intérêt pour son environnement trop pauvre en stimuli et en activités, le chat va s'ennuyer, ennui qu'il va compenser en mangeant, puisque vous lui mettez à disposition la nourriture à volonté.
    Mettre cette activité boulimique sur le compte de la stérilisation est également une fausse idée. Un chat stérilisé est un peu plus sédentaire qu'un chat entier, mais pas suffisamment que pour le pousser à devenir boulimique, et donc obèse !

    Si son milieu est suffisamment enrichi, lui permettant de vivre ses activités normales de chat, et en dehors de tout autre problème de compétition avec un autre chat, l'alimentation sera une occupation qui ne lui prendra pas plus de 4 % de son temps (cfr. les exemples chiffrés dans le cours d' Alimentation , ainsi que les explications des activités du chat dans le cours consacré au Comportement : bientôt disponible sur le site).

  • Aux Etats-Unis, des études très sérieuses ont montré qu'une alimentation avec des lipides (corps gras) en quantité et qualité adéquates diminue les problèmes de comportement, en diminuant la nervosité, voire l'agressivité des adolescents de 30 % !
    La nourriture a donc bien un lien direct avec le niveau de stress et de bien-être des individus.
    Si c'est valable pour les humains, cela est parfaitement transposable chez les animaux.
    Quand on sait que le chat est un animal très sensible à son environnement et au stress, on peut raisonnablement penser que la mauvaise qualité des ingrédients de son alimentation va aussi favoriser chez lui des problèmes de comportement, de "mal-être".
    Un exemple concret :
    un chat qui se gratte sans arrêt le dos jusqu'à se "déplumer" (alors qu'il n'a pas de puces), est-il fou ou simplement mal nourri ?

  • Les nombreux problèmes urinaires ont leur cause directement dans l'alimentation. En effet, si on ne donne que des croquettes à son chat, et toujours les mêmes, on rassemble les facteurs favorisant l'installation des cristaux et autres calculs urinaires.

    Il faut savoir que ces calculs apparaissent grâce à 3 paramètres :
    1. un milieu constant, avec un même niveau d'acidité maintenu (niveau d'acidité constante)
    2. une présence régulière de certains minéraux en quantité (grande concentration minérale)
    3. une urine assez concentrée, dûe à une prise de boisson trop faible (renforcement de la concentration minérale, car dilution pas assez efficace)

Or en donnant toujours les mêmes croquettes, on entretient la présence simultanée et constante dans le temps et dans le milieu urinaire de ces 3 facteurs.
Il est donc tout à fait possible de prévenir ces problèmes urinaires avec quelques conseils concrets et faciles à réaliser :

a) éviter un régime alimentaire ne contenant QUE des croquettes
    (malgré les firmes qui garantissent que cela n'arrivera plus, l'alimentation uniquement à base      de croquettes est à déconseiller)

b) alterner divers types d'aliments (changer de marque, de présentation),
    car cela favorise les conditions propices dans la vessie pour que les cristaux ne se forment pas     (variation d'acidité et de concentrations en minéraux).

c) favoriser la prise de boisson chez le chat : lui laisser une coupelle d'eau dans l'évier, mélanger     la nourriture avec un peu d'eau, ...

d) si vous avez une eau du robinet trop calcaire, donnez-lui plutôt de l'eau de bouteille, en      variant les marques (sinon il y aura toujours les mêmes minéraux, d'où formation de calculs).

(Lire l'article avec les explications complètes dans " FAQ : Prévention des calculs urinaires " sur le site)

  • Et malheureusement, il y a pire, avec l'apparition de maladies suite à des carences !
    J'ai été intriguée par la recrudescence de nombreux cas d'ulcères cornéens, notamment dûs à un virus (l'herpèsvirus).
    Or on remarque que si on donne simplement de la lysine (un acide aminé qui se trouve normalement dans la viande, donc dans l'alimentation du chat), il n'y a pas de problème d'ulcère : le corps sait bien se défendre contre le virus.
    La cause de cette maladie est donc que le chat n'a pas assez de lysine dans son alimentation.
    Or quand on sait que les céréales sont très pauvres en lysine (alors qu'il y en a assez dans la viande), on réalise l'impact négatif du remplacement des viandes par des céréales sur la santé de nos chats.
    Et je ne serais pas étonnée que dans le futur, on trouve d'autres carences de ce type, responsables de maladies actuelles chez le chat...

Des solutions à cette malbouffe

Alors, que faire ?
Arrêter les boîtes et les croquettes ? Ce n'est pas une solution.
Il y a des conseils concrets et faciles à appliquer pour améliorer la nutrition de votre minou.
Ainsi, le proverbe conseillant de " manger varié et équilibré " est également valable chez le chat.

Quelques solutions :

  • Il vaut mieux donner à votre chat divers types de nourriture, aussi bien des boîtes que des repas préparés par vous-mêmes (on appelle cela des rations ménagères, ou l'alimentation-maison), en diminuant les croquettes.

    Un schéma intéressant est par exemple de donner :
              - une boîte le matin
              - un repas cuisiné le soir (préparé directement ou décongelé)
              - quelques croquettes pour la nuit.


    Ainsi, chaque jour, il mangera un peu de tout et soyez rassuré : il n'aura pas faim, et ne risquera pas non plus l'obésité.
    Cela sera également une bonne prévention contre les diarrhées :
    plus un tube digestif est habitué à une grande variété d'aliments, plus la flore intestinale sera diversifiée, et moins le chat aura de diarrhée.

  • Préférer les croquettes dont les ingrédients principaux sont des viandes et non des céréales. Elles sont malheureusement souvent plus chères. Vous devez lire les étiquettes donnant les composants principaux de l'aliment (voir " Cours d'alimentation du chat " pour savoir lire et comprendre les étiquettes).
    Attention : ce n'est pas parce qu'un aliment est cher qu'il est forcément de meilleure qualité ! Souvent, ce qu'on paye, c'est la publicité....

  • Varier les marques et les textures (pâtés, morceaux en sauce, en gélatine,...).
    NB : il faut savoir que les boîtes de divers "goûts" d'une même marque sont en fait de même composition. Du Félix Saumon ou du Félix Poulet ont 96 % de leurs composants absolument identiques. Seuls 4 % diffèrent , notamment avec l'ajout des arômes artificielles "saumon" ou "poulet".

  • Cuisiner de temps en temps des plats pour votre chat.
    Et si vous cuisinez en grande quantité, vous pouvez congeler des rations pour la semaine.

 

Si vous êtes intéressé par cette problématique de la nutrition chez le chat, ou si vous voulez en savoir plus, vous pouvez trouver de nombreuses informations et d'autres solutions pratiques dans

2 publications traitant directement de ce sujet :
    • Je cuisine pour mon chat :
      ce livre (e-book) vous donne plus d'une dizaine de recettes d'alimentation-maison, avec des conseils sur les ingrédients et les proportions adaptées pour votre chat.
      De quoi lui préparer de bons petits plats, adaptés à ses besoins et à ses goûts !
    • Cours d'alimentation du chat :    ...Bientôt disponible !
      ce cours a été réalisé sur un modèle de cours autodidacte. Ces leçons vous expliquent, pas à pas, les notions de base de la nutrition, les besoins particuliers du chat, les coulisses de la fabrication des aliments industriels (boîtes et croquettes), les explications des étiquettes, pour finir par des exemples et des exercices concrets pour savoir lire et comprendre les étiquettes des aliments pour chat.

 

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Même les chats peuvent avoir des idées lumineuses ...

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